


Le cancer
1 ) Qu’est-ce que le cancer et comment apparaît-il ?
Le cancer est une maladie provoquée par la multiplication incontrôlée de cellules au sein de l’organisme. Une cellule dite cancéreuse est une cellule qui subit une mutation provoquée par une agression ou un dommage, lié à une modification de la structure d’un gêne (l’ADN est endommagé). Cette altération qui survient dans une cellule somatique constitue la base même de chaque cancer.
a ) Comment l’ADN des cellules peut-il être endommagé pour aboutir à une cellule cancéreuse ?
Les mutations impliquées dans le développement d’un cancer touchent des gènes très divers. Il s’agit de mutations spontanées, ou provoquées par l’exposition de l’organisme à des agents physiques ou chimiques de l’environnement, qualifiés de mutagènes. Ces substances peuvent provoquer des lésions dans la cellule et aboutir à des mutations. L’agression subit par la cellule saine peut-être violente et courte, elle est cependant plus souvent de faible intensité mais s’étendant sur une longue période. Par exemple, la respiration de substances chimiques industrielles contenues dans la fumée du tabac, la consommation d’alcool, l’exposition à la radioactivité ou aux rayonnements solaires (ultraviolets) sont des comportements risquant de provoquer des altérations plus ou moins profondes dans les cellules.
Certains virus ou bactéries peuvent modifier, dans les cellules somatiques, l’expression de gènes qui contrôlent la prolifération cellulaire. Ils contribuent donc au développement de certains cancers comme le papillomavirus, responsable des cancers du col de l’utérus chez la femme.
Les personnes ayant des antécédents de cancers dans leur famille ont un risque plus important que la normale d'en développer un durant leur vie. En effet, la mutation de certaines cellules a déjà commencé à leur naissance. Il existe donc une ou plusieurs lésions présentes dans leur patrimoine génétique ; on parle donc de prédisposition génétique au cancer.
Les étapes de la cancérisation
b ) Quelle est la différence entre une cellule saine et une cellule cancéreuse ?
Les cellules saines se multiplient de manière contrôlée : elles se divisent seulement lorsque cela est nécessaire et ne se multiplient qu’un nombre de fois fini. Lorsqu’elles se sont divisé un trop grand nombre de fois, ou qu’elles sont trop abimées pour être réparées, elles meurent naturellement et sont éliminées par l’organisme.
Une cellule ayant subi une mutation génétique et même plusieurs, va tenter de les restaurer à l’aide d’enzymes de réparation de l’ADN. Si les agressions sont trop nombreuses, les mutations vont s’accumuler en divers point du génome. La cellule se divise alors par mitose et les cellules filles héritent des mutations. Ces dernières vont conduire à l’apparition de cellules capables de proliférer de façon totalement incontrôlée et à l’infini. Ces cellules cancéreuses restent donc en vie dans un organe où, habituellement, elles devraient mourir et se renouvellent rapidement.
c ) Comment se forme une tumeur et en combien de temps ?
Cette prolifération anarchique va aboutir à une accumulation de cellules mutées. Cette dernière peut être bénigne, et détruite par le système immunitaire. On parle de tumeur lorsque ce regroupement atteint environ 100 000 cellules cancéreuses.
Lorsque les cellules mutées commencent à former des extensions et infectent les zones voisines au lieu de rester groupées les unes aux autres, on dit que la tumeur « s’infiltre ». Cette infiltration est dangereuse car les cellules cancéreuses attaquent les cellules saines environnantes et peuvent mettre en danger le fonctionnement de l’organe.
Lors de la mitose, certaines cellules acquièrent la propriété de pouvoir migrer dans d’autres régions de l’organisme. Elles ont alors la possibilité de créer des tumeurs secondaires que l’on nomme métastases. Cette tumeur est dite maligne. Le passage d’une cellule cancéreuse à une tumeur maligne est très long. Un cancer découvert chez un patient aujourd’hui correspond à un développement de cellules mutantes entamé il y a plusieurs années.
2 ) Comment diagnostiquer le cancer ?
a ) Comment le cancer se révèle-t-il et quels en sont les symptômes ?
Les symptômes du cancer sont très variables en fonction de son type, son étendue et sa localisation. Ils ne sont presque jamais présents tous en même temps et se révèlent souvent assez tardivement. C’est pourquoi il est important de procéder à des dépistages fréquemment lorsque l’on est une personne dont l’âge ou le mode de vie présente des risques de développer un cancer.
Nous ne parlerons ici que des symptômes du cancer de la prostate. Ce cancer possède une évolution plutôt lente, les premiers stades ne causent donc généralement pas d'anomalies, ils apparaissent lorsque la tumeur augmente de taille ou se propage dans les tissus d’autres organes.
Voici une liste des principaux symptômes pouvant relever d’un cancer de la prostate :
- tendance à uriner fréquemment
- incapacité d’uriner
- jet d’urine faible, qui s’interrompt
- sensation de douleur ou de brûlure lors de la miction
- présence de sang dans l’urine ou le sperme
- éjaculation douloureuse
Ces symptômes peuvent être confondus avec ceux de différentes infections, il est donc important de consulter rapidement un médecin si les symptômes persistent et si d’autres inhabituels se manifestent.
D’autres signes surviennent au fur et à mesure que la tumeur grossit et se propage, ils sont cette fois plus généraux et observables pour de plus nombreux cancers : une grande fatigue, une perte de poids, des douleurs osseuses (en particulier au dos, aux hanches, aux cuisses ou au cou), un engourdissement des jambes ou pieds...
Ainsi les symptômes du cancer sont très nombreux et variables, il est donc indispensable de consulter un médecin en cas de doute sur une maladie ou infection qui tarde à disparaître.
b ) Comment est-il diagnostiqué ?
Lorsque le patient ressent des symptômes énoncés ci-dessus, il prend généralement rendez-vous avec son médecin traitant. S’il estime qu’il peut s’agir d’un cancer, il prescrit au patient différents examens pour mieux déterminer la cause de ces troubles. Ces examens diffèrent selon le site du cancer présumé.
Le premier examen est généralement une prise de sang. Dans le cas du cancer de la prostate, la prise de sang a pour but de déterminer le taux de PSA dans le sang, c’est un marqueur tumoral. L’augmentation de ce taux peut indiquer entre autres la présence d’une tumeur, qui peut-être bénigne ou maligne ; c’est ce qui va devoir être déterminé lors des autres tests.
En ce qui concerne le cancer de la prostate, un toucher rectal est préconisé avant tout examen plus invasif. Il n’est cependant pas obligatoire. Ce test révèle une prostate dure et irrégulière en cas de cancer.
La biopsie est un des principaux examens employés en cas de suspicion de cancer. Il s'agit d'un prélèvement permettant d'examiner directement au microscope les tissus anormaux pour déterminer leur nature, c’est-à-dire s’ils sont cancéreux ou non. Ce prélèvement est réalisé lors d’un frottis pour le cancer du col de l’utérus, une ponction quant au cancer de la prostate. On effectue une endoscopie pour de nombreux cancers comme celui du rectum (on parle alors de coloscopie) ou celui de l’œsophage (on parle de fibroscopie).
Bien que très significative, la biopsie est complétée par d'autres examens pour établir un diagnostic très précis. Néanmoins, elle permet très souvent de confirmer de façon certaine qu'une anomalie repérée est bel et bien cancéreuse.
Ces examens sont en général la radiographie, l’IRM, le scanner, la scintigraphie, et encore bien d’autres qui varient en fonction de la localisation de l’anomalie.
Deux facteurs très importants entrent en jeux dans le diagnostic d’un cancer : l’âge du patient, et ses antécédents familiaux (hérédité).
En effet, si les cancers comme ceux du foie ou du pancréas peuvent toucher toutes les tranches d’âges, on remarque que d’autres sont beaucoup plus présents chez certaines personnes. On a donc classifié les cancers selon leurs « cibles » les plus fréquentes.
Ainsi les « cancers d’enfants » comme les tumeurs cérébrales ou les leucémies sont beaucoup plus fréquents chez les jeunes et adolescents et ont moins de chances de toucher une personne plus âgée. Les campagnes de dépistage sont donc adaptées à ces observations : le dépistage du cancer de la prostate ne se fait qu’à partir de 60 ans, et les mammographies ne sont pratiquées chez les femmes qu’à partir de 50 ans. En deçà de ces limites, les risques sont minimes.
Néanmoins, les personnes ayant des antécédents familiaux de cancers présentent plus de chance de développer un cancer héréditaire, elles sont donc très suivies, surtout à partir des périodes les plus risquées.
De plus, les caractéristiques physiques du patient sont elles aussi prises en compte ; en effet on constate que les personnes qui ont la peau claire, les cheveux roux ou blonds et/ou les yeux bleus ont plus de chance de développer certains cancers que la norme. Ces derniers facteurs sont nommés « facteurs de risque ».
Ainsi, les médecins sont particulièrement attentifs à l’âge, les antécédents familiaux, les caractéristiques physiques mais aussi la vie que mène le patient, ces informations sont essentielles pour une prise en charge la plus rapide et la plus efficace possible.
c ) Quels sont les différents types de cancers ?
Il existe plus de 200 types de cancers, plus ou moins rares, on peut les regrouper en deux différentes parties :
-
Les cancers liquides (ou sanguins) : cancers du système lymphatique et leucémie
-
Les cancers solides : cancers sous forme de tumeur dans une région précise du corps lors qu’ils ne sont pas métastasés.
On peut cependant regrouper les cancers solides selon leur localisation, le système touché ou leurs caractéristiques. En voici un classement non-exhaustif :
-
les cancers gynécologiques (sein, utérus, vagin...)
-
les cancers urogénitaux (vessie, prostate...)
-
les cancers de la zone ORL (pharynx, larynx, bouche...)
-
les cancers digestifs (estomac, rectum...)
-
les cancers du poumon
-
les tumeurs cérébrales qui peuvent toucher différentes régions du cerveau et ainsi avoir des effets différents
Ces plusieurs types de cancer ont des caractéristiques très différentes, c’est pourquoi ils ne peuvent pas être traités de la même manière. Il existe aujourd’hui différentes techniques pour tenter de soigner cette maladie mortelle si elle est diagnostiquée à temps, c’est ainsi l’objet de la partie suivante.
3 ) Comment traiter le cancer ?
a ) La concertation pluridisciplinaire
Lors de la prise en charge d’un cancer, plusieurs techniques de soin sont applicables ; des professionnels de santé se concertent pour chaque cas afin de choisir le traitement le plus adapté en fonction des caractéristiques de son cancer, sa localisation, son étendue, et son stade.
Une équipe de concertation pluridisciplinaire est composée de médecins spécialisés dans chaque technique de soin : oncologues, chimiothérapeutes, chirurgiens, spécialistes de l’organe touché, infirmières mais aussi psychologues afin de cerner au mieux les besoins du patient. La concertation pluridisciplinaire est donc un gage de meilleure qualité de la prise en charge du patient.
b ) La gravité du cancer
En fonction des informations obtenues lors des examens réalisés pour du dépistage, on peut déterminer le stade du cancer, c’est-à-dire sa gravité.
La plupart des cancers sont divisés en quatre stades, le stade n°1 étant le moins avancé, le plus curable s’il est pris à temps, ce n’est généralement qu’une seule tumeur de taille variable.
Les stades n°2 et n°3 sont les stades intermédiaires, durant lesquels le cancer se développe et se répand. Ce stade de cancer est identifiable grâce à l’observation de ganglions infectés. En effet, les ganglions servent normalement à filtrer la lymphe présente dans le sang. Cependant, ces organes sont assez vulnérables et sont rapidement infectés par les cellules cancéreuses présentes dans le sang. Ainsi, les ganglions sont souvent le point de départ d’une nouvelle métastase.
Le stade n°4 ou phase terminale est le plus grave et métastasique (le cancer se propage et croît dans d’autres organes), c’est-à-dire qu’il s’est répandu dans une grande partie du corps et est quasiment incurable à l’heure actuelle.
c ) Quels sont les différents traitements pour soigner le cancer ?
En fonction des caractéristiques du cancer (localisation, étendue, stade…), différents traitements peuvent être appliqués. Ils peuvent se suffire à eux même : on parle d’un traitement radical ; ou se combiner avec une autre méthode de soin dite adjuvante.
Cette stratégie thérapeutique est décidée lors de la concertation pluridisciplinaire et est en accord avec le patient. Chaque cancer étant différent, il est difficile de définir un traitement à appliquer systématiquement pour chaque type de cancer.
On distingue quatre principales techniques de soin pour traiter un cancer : la chimiothérapie, la chirurgie, l’hormonothérapie et enfin la radiothérapie :
-
La chimiothérapie
La chimiothérapie est un traitement médicamenteux qui correspond à l’administration de médicaments qui détruisent les cellules cancéreuses. Il existe un grand nombre de médicaments de chimiothérapie qui n’agissent pas sur les mêmes mécanismes, de plus tous les cancers ne répondent pas aux mêmes médicaments. C’est pourquoi le traitement de chimiothérapie repose souvent sur la prescription de plusieurs d’entre eux.
La prise peut se faire par voie orale ou intraveineuse sur une durée plus ou moins longue.
Les différents médicaments associés, les modalités d’administration en termes de doses et de fréquence correspondent à un « protocole de traitement » qui dépend des caractéristiques du cancer et de l’état général du patient.
La chimiothérapie est souvent prescrite en tant que traitement adjuvant ou néo-adjuvant (avant la chirurgie pour réduire la taille de la tumeur) en complément de la chirurgie, ou pour enrayer la prolifération des métastases.
-
La chirurgie
La chirurgie est le principal moyen de traitement des cancers, elle intervient dans la prise en charge de huit patients sur dix, seule ou associée à d’autres techniques.
Elle consiste à retirer la tumeur dans la mesure du possible ainsi qu’une marge de tissus sains l’entourant. Parfois l’ablation de la tumeur ne peut se faire sans retirer une grande partie voir la totalité de l’organe concerné. Dans d’autres cas, le chirurgien de pourra pas retirer la totalité de la tumeur, on parle alors de chirurgie palliative. Le patient ne sera donc pas guéri, mais soulagé, car la tumeur peut provoquer des douleurs ou altérer le fonctionnement de structures environnantes.
Cette technique est très souvent associée à la chimiothérapie ou la radiothérapie afin d’éliminer au maximum les dernières cellules cancéreuses qui auraient résisté à l’opération.
-
L’hormonothérapie
Certaines tumeurs ont besoin de l’action d’hormones sexuelles pour se développer, c’est le cas par exemple des cancers du sein et de la prostate. Ces tumeurs sont dites hormonodépendantes. L’hormonothérapie consiste donc en la prise de médicaments hormonaux qui agissent en s’opposant à l’action des hormones nécessaires à la croissance de la tumeur. Cependant ces médicaments peuvent empêcher la production d’hormones par l’organisme et donc provoquer de nombreux désagréments par la suite. Elle peut être utilisée seule ou en complément d’autres stratégies thérapeutiques
-
La radiothérapie
La radiothérapie se fonde sur l’utilisation de rayonnements de haute énergie qui vont détruire les cellules cancéreuses. Ces rayonnements sont très précis et permettent d’irradier de manière homogène le volume de la tumeur en épargnant au maximum les tissus sains environnants. Il existe plusieurs types de radiothérapie détaillés dans la partie traitant des machines.
Ces différentes techniques de soin sont donc souvent associées de manière néo-adjuvante ou adjuvante afin de maximiser les chances de réussite du traitement et de minimiser les risques de rechute.
d ) Quelles évolutions ?
On considère que l’on peut arrêter le(s) traitement(s) si on ne décèle plus aucune cellule cancéreuse dans l’organisme du patient lors des examens médicaux ; il est alors en « rémission ». Cependant il n’est pas encore guéri, il faut attendre un certain délai qui varie en fonction du type de cancer pour parler de guérison. Généralement, la période de rémission dure entre 3 et 5 ans après l’arrêt du/des traitement(s), après ce délai, les médecins estiment que le patient est guéri.
Malheureusement, avoir guéri d’un cancer d’immunise pas contre cette maladie, il est donc possible d’être atteint d’un autre cancer au cours de sa vie, mais ce risque est équivalent à celui d’une personne « normale » ayant le même style de vie (c’est-à-dire exposé aux mêmes risques ex : tabagisme, exposition aux rayonnements solaires, etc).
Durant la période de rémission, il est aussi possible de faire une rechute (ou récidive), cela signifie que les cellules cancéreuses réapparaissent, elle peut durer de quelques mois à quelques années… Aujourd’hui, grâce à des traitements de plus en plus performants, il est possible de guérir environ 60% des cancers.
Vidéo :
